"This Is It":
come-back posthume pour Michael Jackson?
Les billets pour ses 50 concerts londoniens, qui auraient dû commencer l'été dernier, s'étaient arrachés en quelques heures. Quatre mois après sa mort, Michael Jackson s'apprête à remplir les salles obscures du globe avec les répétitions filmées de ce come-back qui ne devait jamais avoir lieu.Une sortie simultanée, mercredi, dans les cinémas du monde entier, où le film ne sera visible que quinze jours durant, des images distillées au compte-gouttes, tout est calibré pour faire de "
Michael Jackson: This Is It" un événement cinématographique planétaire. Reste à savoir jusqu'où le "king of pop" va réellement monter au box-office.
Certains pensent qu'il dépassera vraisemblablement les 31,1 millions de dollars (20,8 millions d'euros) du week-end de sortie et le total de 65,3 millions (43,9 millions d'euros) de "Hannah Montana & Miley Cyrus: Best of Both Worlds Concert", le concert filmé ayant le mieux marché à ce jour aux Etats-Unis. D'autres parient sur 100 millions de dollars (67,2 millions d'euros) de recettes rien qu'aux Etats-Unis, voire davantage...
"Ca me fait penser au "Projet Blair Witch", ca me fait penser à "Fahrenheit 9/11", à "La Passion du Christ". On peut même ajouter "Des serpents dans l'avion". Des films hors norme et tout simplement imprévisibles. On ne sait vraiment pas ce qu'ils vont donner", explique Paul Dergarabedian, expert du box-office chez Hollywood.com. Si les trois premiers films cités ont été d'énormes succès, "Des Serpents dans l'avion", malgré un buzz énorme sur Internet avant sa sortie, avait fait un flop en salles.
De fait, "
This Is It" ne ressemble à rien de connu: ce n'est pas vraiment un concert filmé, et ce n'est pas non plus un vrai documentaire. Et surtout il sort quelques semaines seulement après l'enterrement de Michael Jackson, au moment où les fans endeuillés se jettent sur tout ce qui concerne leur idole.
Le film repose sur la centaine d'heures de répétitions filmées dans les semaines précédant la mort de "Bambi", le 25 juin dernier à Los Angeles. Ce sont vraiment les derniers pas sur scène de l'artiste déchu, finalement blanchi des accusations de pédophilie au terme d'un très long et médiatique procès, et qui s'apprêtait à retrouver le public, plus de 25 ans après la gloire inégalée de l'album "Thriller".
Le distributeur Sony, a protégé le film comme les joyaux de la couronne, le gardant secret jusqu'aux grandes avant-premières de mardi soir dans le monde entier. Aucun critique n'a pu le voir et les journalistes spécialisés n'ont eu droit qu'à 12 minutes d'extraits la semaine dernière avant de pouvoir interviewer les réalisateurs.
Sony, qui a acheté les droits du film pour 60 millions de dollars (40,3 millions d'euros), compte ne le laisser en salles que deux semaines, pour lui conférer un peu du caractère exceptionnel des 50 concerts avortés. "On pense que 16 jours c'est bien. C'est une sorte d'événement spécial qu'on veut présenter d'une façon exceptionnelle", explique Rory Bruer, chef de la distribution chez Sony.
Mais rien n'empêche Sony de jouer ensuite les prolongations, comme Disney l'avait fait avec le film-concert de Miley Cyrus, qui ne devait initialement rester en salles qu'une semaine.
A quelques exceptions près, comme "Shine a Light" des Rolling Stones, "In Bed with Madonna", ou "U2: Rattle and Hum", les concerts filmés touchent surtout des publics restreints avec des recettes bien maigres à côté des grosses productions.
Mais Michael Jackson garde une aura planétaire, exacerbée par le fait qu'il ne remontera jamais sur scène. "Miley, on peut la voir en concert. Plus personne ne pourra voir Michael Jackson en concert. Pour ce film, cela ajoute de la ferveur", reconnaît M. Borchers.
Fin septembre, les ventes de billets à l'avance ont très bien marché, avant de retomber un peu depuis. Le succès du film va sûrement dépendre de la prestation de la star morte, que la rumeur disait très affaiblie. "Tout va dépendre de sa voix", estime Rick Butler, PDG du site Fandango.com. Or pour lui, "la voix est aussi bonne qu'avant", sur les extraits diffusés ces derniers jours. Et il n'y a "aucune raison de penser" qu'elle ne sonnera pas aussi bien pour tout son répertoire.
AP