[FLASHBACK] Michael Jackson à l'aube de ses 21 ans.

A cette époque, sa sexualité est au cœur des colonnes des journaux people : tantôt soupçonné d'avoir changé de sexe, tantôt accusé de dissimuler son homosexualité, le jeune homme tient à mettre les choses au clair vis-à-vis de son public et évoque l'attitude de certaines fans féminines à son égard.

Michael Jackson a toujours occupé une place de choix sur les Unes du magazine JET et cela n'est guère surprenant si l'on profite de cet article pour se replonger dans l'histoire de cette publication. JET a été fondé en 1951 par John H. Johnson, premier homme d'affaires Afro-Américain à avoir intégré le prestigieux classement des grandes fortunes de Forbes. Petit-fils d'esclaves, fils d'ouvrier ayant perdu son père à l'âge de six ans suite à un accident du travail survenu dans une scierie, Johnson a été confronté durant toute sa jeunesse à la ségrégation raciale. Dans son Arkansas natal, il n'existait pas de lycée ouvert aux Afro-Américains si bien que les jeunes Noirs devaient interrompre leurs études à la fin du collège... ou partir.

Partir, c'est la solution que Johnson et sa mère ont choisie en 1933 en déménageant plus au Nord, à Chicago, comme bien d'autres Américains l'ont fait pour échapper à la misère du Sud des Etats-Unis et trouver du travail dans les régions industrielles en plein essor (en 1934, la propre mère de Michael Jackson a elle-même quitté l'Alabama pour l'Est de Chicago avec ses parents). Ce déménagement a permis à John H. Johnson d'entrer au lycée. Bien entendu, tous les problèmes n'avaient pas disparu comme par enchantement en changeant d'Etat : sa famille a dû faire face à la pauvreté, il a lui-même subi les moqueries de ses camarades de classe en raison de son style vestimentaire désuet et de ses origines "campagnardes".

Néanmoins, ce nouvel entourage lui a ouvert les yeux sur une réalité : tous les Noirs n'étaient pas pauvres... et certains de ses camarades (parmi lesquels on comptait Nat King Cole) appartenaient à une classe moyenne visiblement en pleine émergence. Johnson a redoublé d'efforts pour briller académiquement : outre les nombreux livres qu'il dévorait après les cours pour approfondir le programme, il est devenu rédacteur en chef du journal de son lycée et ses résultats excellents lui ont permis de décrocher une bourse à l'Université de Chicago.

Cependant, Johnson n'avait pas les moyens de payer tous les frais annexes à la scolarité et s'est cru obligé de refuser cette opportunité. Mais alors qu'il prononçait un discours lors d'un dîner de la National Urban League (organisation militant pour les droits civiques), son intelligence a capté l'attention du PDG d'une compagnie d'assurances qui lui a proposé un emploi pour lui permettre de financer entièrement ses études supérieures. En l'espace de deux ans, Johnson a été promu assistant du PDG.

Parmi ses attributions figurait la réalisation d'une revue de presse mensuelle. Cette tâche lui a donné l'idée de concevoir une synthèse de l'actualité relative aux Afro-Américains, publiée chaque mois sous le nom de "Negro Digest" à partir de 1942. Six mois après le lancement, la publication touchait 50 000 lecteurs à chaque parution. Elle couvrait aussi bien l'histoire Afro-Américaine que des sujets culturels (art, littérature, etc) et, à son âge d'or, s'écoulait à 100 000 exemplaires par mois.

Fort de ce succès, Johnson a décidé de lancer un véritable magazine centré sur la communauté Afro-Américaine, abordant dans des articles documentés et factuels les problèmes de racisme, de criminalité, le militantisme et la lutte pour l'égalité des droits. Conscients que la ségrégation raciale avait pour conséquence l'occultation de tout un pan de l'histoire américaine, il a fait appel à des historiens afin qu'ils retracent les contributions significatives apportées par les Afro-Américains à l'évolution de son pays. Par ailleurs, il a choisi de mettre en exergue la richesse de la vie culturelle Afro-Américaine. Ebony Magazine était né. JET suivrait, sous forme d'un petit hebdomadaire compilant les actualités significatives de la semaine.

Cette réussite a permis à Johnson d'investir dans bien d'autres domaines (télévision, radio, édition, etc). Son rôle de porte-parole d'une communauté souvent privée de la liberté d'expression a été maintes fois souligné et récompensé. Michael Jackson avait exprimé en 1984 dans les pages du magazine Ebony toute son admiration et sa reconnaissance envers Johnson. Le Roi de la Pop étant lui-même le symbole d'une réussite culturelle et sociale ayant réuni toutes les races autour d'un "Rêve Américain" commun, quoi de plus naturel qu'il ait fait partie dès ses premiers succès des figures dominantes peuplant les pages d'Ebony/JET ?

• Le Elusive Shadow vous invite...:
  
  • à parcourir la traduction de l'article d'août 1979 consacré à Michael Jackson.
  • à en apprendre également davantage au sujet de John H. Johnson (décédé le 8 août 2005) en lisant son autobiographie, Succeeding Against the Odds ("Réussir contre toute attente").