Mesure anti-alcool : l'happy hour menacé
Malheur à l' happy hour . Le gouvernement veut-il en finir avec la promotion des boissons alcoolisées ? Veut-il aussi mettre un terme à la vente sans restriction de bouteilles dans les boîtes de nuit ? Oui, si l'on en croit les dernières propositions de la MILDT, Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, comme le révèle Le Parisien/Aujourd'hui en France dans son édition de lundi.
Dans une lettre de convocation adressée aux professionnels du secteur, la mission se prépare à passer un nouveau palier en la matière. "Les actions de prévention et d'éducation à la santé ne suffisant pas infléchir ces tendances [l'alcoolisme persistant et les accidents, NDLR] plusieurs propositions issues d'états généraux de l'alcool sont à l'étude."
Les boîtes de nuit particulièrement ciblées Des mesures qui s'apparenteraient à une petite révolution dans les consommations. La plus marquante concerne "l'interdiction de la promotion des boissons alcoolisées par tarif incitatif dans les lieux de vente et de consommation (happy hour, open bars)".
De surcroît, la MILDT s'attaque aussi à la "vente à la bouteille des boissons de groupes trois à cinq dans les établissements qui bénéficient d'une autorisation de nuit". La vente à la bouteille étant l'une des principales rentrées d'argent des discothèques, l'application d'une telle mesure aurait des conséquences économiques sensibles.
Face à cette salve de mesures contraignantes, le lobby des alcooliers devrait se mobiliser sans compter. D'autant plus que la MILDT propose carrément "l'augmentation des taxes sur les boissons alcooliques, en fonction du degré", dont la TVA est fixée actuellement à 19,6 %.
Une "base de discussion" Au ministère de la Santé, joint par lepoint.fr, on tient à souligner que ce document, "extrait d'un ensemble", n'a "rien de confidentiel", n'est qu'une "base de discussion" pour la MILDT et que "rien n'est tranché".
Le président de cette dernière, Étienne Apaire, confirme que le document, "adressé aux responsables de la filière alcool, ne fait qu'évoquer des pistes", que les "discussions ont commencé début mars" et qu'un "consensus se dessine progressivement sur des mesures simples comme l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs ou l'interdiction des parrainages de soirées".
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Si la consommation moyenne a baissé en France, les rapports problématiques à l'alcool augmentent chez les jeunes, précise Étienne Apaire au point.fr. Et les alcooliers ont conscience que le binge-drinking, l'alcoolisation massive en soirée des jeunes, nuit à l'image de convivialité qu'ils défendent, qui ne peut se satisfaire d'excès."