Au-delà des éloges écrites ci-dessus,
exerçons notre « esprit critique » sur plusieurs points...
2005 ou 2008 ?On peut d’abord se demander s’il est utile aujourd’hui de remettre sur le devant de le scène, trois ans après, un procès dont la divulgation des témoignages a nui à l’image de M. Jackson.
Le verdict « non coupable » est connu et a été normalement retransmis. La non-culpabilité de M. Jackson est connue de tous et n’a plus à être démontrée.
Ce qui a nui à l’image de M. Jackson , c’est justement, lors de reportages quotidiens, l’association de son nom à des pratiques sexuelles interdites et immorales.
Déballer de nouveau aujourd’hui, ces témoignages , avec leurs mots, et leurs images, même pour dire ensuite « ce qui est dit n’est pas vrai » n’est pas forcément complètement positif pour l’image de M. Jackson. C’est indéniable.
Si M. Jackson a décidé de ne pas communiquer sur ce procès depuis 2005 mais de parler musique au grand public, lors de ses dernières interviews , il est peut être aussi intéressant , et pourquoi pas essentiel, de se demander si le respect de son choix est si absurde que cela.
Journaliste « bling-bling » ou Prix Pulitzer ? A.Jones a participé au lynchage orchestré par les médias autour de la personne de M. Jackson dans l’affaire Arvizo.
Elle aurait donc fait partie de ces journalistes « bling-bling » adeptes de la caricature et de la falsification des faits dans le seul but de vendre articles de presse et reportages télévisés. Des journalistes qui détiennent leur fonction comme un office pourvoyeur de dignité dans la société et qui se réfugient derrière leur corporatisme pour écrire n'importe quoi.
Ils se sont employés à mettre à mal la dignité d’un homme juste pour vendre, jusqu’à la mort, symbolique ou réelle, de ce dernier. Elle déclarait plus tard à ce sujet lors d’une interview : «
nous n’avons pas couvert le procès, ce qui se passait dans la salle d’audience. Nous avons couvert l’homme. Nous avons fait des reportages sur le jour où M. Jackson est arrivé en pyjama au tribunal, sur les célébrités qui venaient au tribunal, etc. »
Aujourd’hui, A. Jones reconnaît s’être trompée et se retrouve propulsée au rang de journaliste modèle.
Mais pour autant, reconnaître ses erreurs, et ici sa faute professionnelle, ne donnent pas forcément droit à la reconnaissance d’un nouveau statut.
De même lorsque A. Jones évoque dans des interviews un système médiatique dont elle aurait été prisonnière et qui l’aurait aveuglée, il est possible de penser que c’est un peu facile de rejeter la faute sur le système.
Quelle serait la réaction des fans si par exemple, Martin Bashir, écrivait un livre pour dire qu’il regrettait le reportage « Living with M. Jackson » , qu’il l’a réalisé en étant prisonnier d’un système, par souci de sensationnalisme et qu’il avoue sa faute.
Certes, ce serait une bonne chose sur le fond mais en attendant le mal est fait et Michael Jackson en a subi les conséquences au péril de sa vie et de sa carrière.
En 2005, A Jones a œuvré par ses commentaires réguliers sur FoxNews à la démolition de l’image d’un homme innocent, tout comme Martin Bashir l’a fait de manière plus ponctuelle, mais efficace, avec son interview.
Les regrets dont elle fait part sont donc les bienvenus mais lorsqu’ils sont associés à la vente d’un livre, on est en droit de penser qu’elle ne fait pas partie des journalistes les plus méritants. Le mérite était d’exercer librement son métier en 2005 sans bafouer la présomption d’innocence d’un homme.
Ce sont eux les "journalistes modèles".
Les USA ou la France ? D’abord publié aux USA, ce livre pouvait être perçu comme un effort de pédagogie autour du cas Jackson.
En effet, la pédophilie associée à la personnalité de M. Jackson a fissuré encore plus son image dans ce pays à la culture puritaine. Son cas continue de déchaîner les passions. A Jones avoue même avoir rencontré des résistances qui ont ajouté à sa difficulté pour vendre son livre.
Il est trop difficile de résumer ce problème en quelques lignes, mais le problème existe et n’est pas seulement localisé dans les médias. L’opinion publique américaine est aussi concernée.
En France, la situation est quelque peu différente et ressemble davantage à ce qui se passe dans l’Europe de l’ouest. Malgré l’affaire Chandler (1993), et au moins depuis les années HIStory (1995), le King of Pop bénéficie d’une certaine bienveillance de l’opinion publique. Le problème se situe plus au niveau des médias (France 2 et Canal + , par exemple) qui ne cessent de traiter Michael Jackson comme une bête de foire.
Le livre d’A. Jones est une bonne chose pour ces médias.
Concernant l’opinion publique française, s’imaginer qu’elle est hostile à M. Jackson, c’est un très bon argument marketing pour vendre un produit qui veut rétablir « la vérité », mais c’est aussi une simplification grossière peu soucieuse de la réalité.
Les sentiments français et américains à l’égard de M. Jackson sont quelque peu différents.
Le 1er intérêt du livre est de constituer le mea culpa d'Aphrodite Jones, un aveu de manque de professionnalisme qu'elle reconnait en 2005 et qu'elle s'attache à gommer en offrant dans cet ouvrage un travail d'investigation à partir de documents juridiques et de témoignages exclusifs.
« Le complot contre Michael Jackson » est un livre utile pour ceux qui s’intéressent encore au procès de 2005 ou encore ceux qui croient toujours à la culpabilité de M. Jackson.
Les autres , plutôt que de lire quelques centaines de pages, ne retiendront peut-être que quelques mots :
« Vous êtiez là lorsque j'avais vraiment besoin de vous. »
M. Jackson , s’adressant aux fans quelques jours après le verdict du procès (2005).
« Non coupable » [Verdict du procès , le 13 juin 2005]
Sources : eparsa.fr / MJLegend