[HOMMAGE] Deepak Chopra : mon hommage à Michael Jackson (Mis à jour)

Article daté du 26 Juin, 17h.

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On se souviendra très probablement de Michael Jackson comme d'une idole brisée, un génie de la pop devenu un mutant de la gloire... Pourtant, ce n'est pas l'image que je garderai de lui. Son mélange de mystère, d'isolement, sa célébrité sans commune mesure et sa solitude intime m'étaient familiers. Pendant vingt ans, j'ai été témoin de tous ces aspects et si facile était-ce d'aimer Michael (et de vouloir le protéger), sa mort brutale d'hier semblait presque prédestinée.

Deux jours avant, il m'avait téléphoné, il était d'humeur joyeuse et dynamique. Le message de répondeur disait : "J'ai quelques nouvelles excellentes à partager avec toi". Il était en train d'écrire une chanson au sujet de l'environnement et il voulait que je l'aide pour les paroles, comme nous l'avions déjà fait plusieurs fois par le passé. Quand j'ai tenté de le rappeler, le numéro de téléphone n'était plus valable (profondément effrayé par la façon dont la presse le traitait, il changeait souvent de numéro de téléphone). Donc je n'ai jamais pu lui parler et la démo qu'il m'a envoyée traîne sur ma table de chevet, symbole poignant d'une vie inachevée.

Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, vers 1988, j'ai été abasourdi par le mélange de charisme et de fragilité qui émanait de Michael. Il était entouré par des foules immenses dans un aéroport, montait sur scène pour trois heures de spectacle épuisant puis s'asseyait en coulisses, après, comme nous l'avions fait un soir à Bucarest, où je l'avais trouvé buvant de l'eau minérale, survolant des poèmes soufis et voulant méditer.

Cette personne, que je considérais (au risque de paraître ridicule) comme très pure, avait survécu à tout cela - il lisait les poèmes de Rabindranath Tagore quand nous nous sommes parlé pour la dernière fois, il y a deux semaines. Michael incarnait à lui seul le paradoxe de bon nombre d'artistes très célèbres : timide, introverti, il venait chez moi et passait la majeure partie de la soirée à l'écart, dans un coin, avec ses enfants. Quand ils étaient ensemble, je n'ai jamais rien vu d'autre qu'un père aimant (et je me demande maintenant, comme le fait n'importe quelle personne proche de lui, ce qui va leur arriver suite à son décès).

Le refus de Michael de grandir était un autre aspect du paradoxe. Mes enfants l'adoraient et en retour, il réagissait de manière enfantine. Il disait souvent, comme le font les anciens enfants stars, qu'on lui avait volé son enfance. Etant donné la valeur démesurée que notre société accorde à la célébrité, qui s'était abattue sans limites sur Michael Jackson, le public était peu sensible à sa douleur personnelle. C'est devenu un autre sujet de débat sur le Jacko des tabloïds, décrit comme un imbécile timbré et de manière bien plus sinistre.

Ce n'est pas le lieu pour commenter les difficultés que Michael a héritées du passé, amplifiées ensuite par des choix de vie peu judicieux. Il était entouré de gens qui le poussaient à l'auto-destruction, notamment une foule de médecins de Los Angeles et d'ailleurs qui lui fournissaient des médicaments sur ordonnance. Dès qu'il admettait avec franchise qu'il avait un problème, la conversation se terminait toujours en digression et en déni. Tandis que j'écris ce paragraphe, des reportages évoquant un abus de médicaments sont diffusés à la télévision. Dès l'instant où j'ai appris sa mort cet après-midi, j'ai eu le sentiment angoissant que les médicaments avaient joué un rôle clé.

Le moment où nous avons été les plus proches est peut-être celui où Michael voulait créer un livre pour le vendre comme souvenir de ses concerts. Il devait contenir des photos pour ses fans mais aussi du texte sous forme de petites fables. Je suis resté des heures avec lui tandis qu'il tissait rêveusement la trame de contes sur les animaux, mêlés à des propos sur la musique et sur son amour de toutes les choses musicales. Ce projet est devenu "Dancing The Dream" après que j'aie réorganisé les textes, par pure amitié pour lui. C'est cette période que nous avons passée ensemble qui m'a convaincu du modus vivendi que Michael s'était fixé : pour contrer le raz-de-marée de stress qui accompagne le statut de superstar, il s'était bâti un espace privé dans un monde imaginaire où des nuages roses masquaient ses angoisses profondes et où Peter Pan était un héros, et non une pathologie.

Peu à peu, ce compromis avec la réalité n'a plus suffi. Il a fait d'étranges efforts pour le préserver. Ce privilège incommensurable est devenu force toxique de plus dans sa chute... Ce qui avait commencé comme une particularité, de la timidité et de la vulnérabilité a été ravagé par des obsessions liées à sa santé, une paranoïa sur la sécurité et un isolement qui est devenu de plus en plus malsain. Quand Michael m'a fait parvenir la musique pour cette dernière chanson, celle qui attend les bonnes paroles à mon chevet, la procédure pour me transmettre le CD rivalisait aisément avec une opération commando de la CIA en matière de confidentialité !

Mes souvenirs liés à Michael Jackson seront aussi complexes et confus que ceux de n'importe qui. Ses amis les plus proches vont serrer les rangs et faire tout leur possible pour s'assurer que l'on se souvienne du meilleur. Parviendrons-nous à le sauver après tant d'années où les médias ont déformé la vérité ? Personne ne peut le dire. Je voulais juste mettre quelques détails au clair en son nom. Mon fils Gotham a accompagné Michael sur les routes lors de sa tournée "Dangerous" quand il avait 13 ans. Le fait que Michael ait fait preuve de discipline et se soit conduit de manière exemplaire avec mon fils aura-t-il de l'importance ? Ca me fait froid dans le dos quand je me rappelle ce qu'il avait dit à Gotham : "Je ne veux pas m'éteindre comme Marlon Brando. Je veux partir comme Elvis". Ces deux icônes le fascinaient.

La nounou de ses enfants et leur mère d'adoption, Grace Rwaramba, est comme une fille pour moi. Je lui ai présenté Michael quand elle avait 18 ans, c'était une jolie jeune fille réconfortante originaire du Rwanda, qui est maintenant adulte. Elle gardait un oeil sur lui pour moi et m'appelait dès qu'il allait mal ou qu'il flirtait d'un peu trop près avec les limites. Comme c'est déchirant pour Grace que l'instinct protecteur et l'amour sincère de personne n'ait pu empêcher ce jour tragique ! Il y a une heure, elle pleurait au téléphone depuis Londres. Par conséquent, je n'ai pu m'empêcher d'écrire ce bref hommage, dans la tristesse. Mais lorsque le choc sera passé et que des milliers de voix s'élèveront pour raconter la trajectoire brillante, joyeuse, difficile, énigmatique ou étrange de Michael, j'espère que le mot "joyeuse" est celui qui s'élèvera des cendres et brillera comme lui a su briller.

Mise à jour du 27 Juin : vous pouvez écouter un extrait instrumental de la chanson inachevée dont parle Deepak Chopra sur ABC. La chanson débute à - 2:04.
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